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En ce jour du 16 septembre 2008 ; mon père et moi assistions aux obsèques de ma mère. Le soir même, empreint d'émotions et de souvenirs, nous étions sur scène au Festival Jazz en Touraine pour partager, accompagné d'un quartet de musiciens parmi les plus grands, ce magnifique concert que vous allez regarder. Nous avons tous donné notre meilleur et la musique, par sa magie, n'en n'a été que plus belle et plus forte. Je voudrais dédier à ma mère, Christine, cette soirée qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. Benjamin Legrand.
La beauté du jazz de père en fils : Michel Legrand accompagné de son fils au festival Jazz en Touraine. Standing ovation : Michel Legrand, 76 ans, revient avec son fils Benjamin, chanteur comme lui. L'orchestre vient de saluer. Seul au piano, Michel Legrand chante alors, voix voilée, les deux premiers couplets des Parapluies. Les paroles, bêtes, formidables, résonnent. L'auditorium du festival Jazz en Touraine ne bronche pas. Tout change de sens. Le sens des mots change de sens. Terminé. A mi-parcours du récital, Benjamin, le fils, très gentiment, rappelle comment, le matin même, ils ont accompagné, lui, sa mère, Michel Legrand, sa première femme, "vers le paradis". Sinon, on n'en aurait pas parlé. Annuler le concert ? Benjamin : "Non, je préfère avoir à travailler, partager de la musique, repartir en piste, c'est le moteur de la vie." Michel : "En 1969, j'ai traversé une grave dépression, parce que la mort est apparue, insoutenable." Vous êtes croyant ? Silence : "Non. Je ne suis pas croyant. Je sais ce qui se passe. Je ne peux plus vivre sans un cahier de projets. Je sais désormais qu'on ne meurt pas en continu..." Benjamin dédie L'Enfant de la balle, la chanson que lui a écrite Michel, à sa mère, en désignant les cintres. Pathos, sentimentaire, exagéré ? Et bien oui, figurez-vous, cent fois oui. C'en fut, et du brutal ! Extraordinaire ! Le répertoire ? Les plus belles mélodies, les plus faciles à chanter mal, les plus glissantes, La Valse des lilas, L'Eté 42, Les Moulins de mon coeur (en duo). Même timbre, même amour de chanter entre le père et le fils. Le quintet ? Des pointures à damner un club de jazz : André Ceccarelli (batterie), Philippe Chayeb (basse), Hervé Meschinet (alto-sax et surtout flûte), Claude Egéa (trompette ou bugle). Le site ? Un festival aimant, qui fait le plein dans le in comme dans le off. Le résultat ? La beauté sèche. Celle que l'on regrettera. Francis Marmande (Le Monde - 2008)
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RDM Edition rend hommage à Michel Legrand par le biais de 2 anthologies, une bande originale culte, "Les Parapluies de Cherbourg" et un album enregistré avec Claude Nougaro.
Anthologies Vol. 1 & 2 - RDM Edition
Sa carrière de compositeur pour le cinéma lui a valu de remporter trois Oscars.
Michel Legrand étudie le piano et l'écriture au conservatoire de Paris de 1942 à 1949, dans les classes de Lucette Descaves, Henri Challan et Nadia Boulanger notamment, et où il remporte plusieurs premiers prix.
Il se prend de passion pour le jazz après avoir assisté en 1947 à un concert de Dizzy Gillespie avec lequel il collaborera quelques années plus tard, écrivant en 1952 les arrangements pour l'orchestre à cordes qui accompagne le trompettiste dans ses concerts européens.
Praticien d'une douzaine d'instruments, il écrit en 1951 des arrangements pour l'orchestre de son père, qui l'introduit dans l'univers de la chanson de variété.
Il commence ainsi une carrière d'accompagnateur et d'arrangeur pour Jacqueline François, Henri Salvador, Catherine Sauvage et Zizi Jeanmaire. Maurice Chevalier l'engage comme directeur musical.
En 1954, à la demande de la firme américaine Columbia, il offre des relectures jazzy de rengaines françaises. L'album I Love Paris est un énorme succès (8 millions d'exemplaires écoulés); la reconnaissance de Legrand se fait internationale.
Influencé par Stan Kenton, il mène une brève carrière de jazzman comme leader : Holiday in Rome en 1955, Michel Legrand Plays Cole Porter en 1957, Legrand in Rio en 1958. Pour Legrand Jazz, il enregistre à New York en 1958 avec Miles Davis, John Coltrane et Bill Evans, devenant l'un des premiers Européens à travailler avec les maîtres du jazz moderne.
Le tournant des années 1960 et l'émergence de la Nouvelle Vague vont ancrer définitivement Michel Legrand dans le monde de la musique de film.
Il travaille pour Agnès Varda (Cléo de 5 à 7 en 1962), Jean-Luc Godard (Une femme est une femme en 1961, Vivre sa vie en 1962 et Bande à part en 1964) et surtout Jacques Demy (Lola en 1961, Les Parapluies de Cherbourg en 1964, Les Demoiselles de Rochefort en 1967, Peau d'âne en 1970) avec qui il invente la comédie musicale à la française. Ainsi Les Parapluies de Cherbourg est un film chanté en continu où tous les dialogues sont inspirés par la musique, ce qui était novateur à l'époque.
Sa carrière de compositeur pour le cinéma lui a valu de remporter trois Oscars. Retrouvez les débuts de ce grand compositeur, à travers l'Anthologie Volume 1 en 3 CD dédiée à ses musiques de film et L'Anthologie Volume 2 en 4 CD consacrée à ses albums studio.
Les Parapluies de Cherbourg - Double CD RDM Edition
Jacques Demy rencontre Michel Legrand en 1960 et arrive, avec l'aide d'Agnès Varda, à le convaincre de participer au projet d'un film musical.
Il devient selon l'expression du musicien "le frère de création" du réalisateur. Dans la première moitié de 1961, l'inspiration ne vient pas, et Demy doute de la viabilité du projet.
C'est en novembre de cette année que le déclic se produit. Dans la résidence du réalisateur à Noirmoutier, Legrand joue ses compositions au piano et Demy chante.
Le premier air qu'ils définissent ainsi est celui que chante Madame Emery à la bijouterie : "nous sommes dans une situation difficile".
Michel Legrand estime que le travail de composition s'est avéré plus facile que pour Les Demoiselles de Rochefort, alors qu'il est d'un naturel plus joyeux.
Le travail en collaboration durera huit mois, Demy reformule les paroles en fonction des mélodies, évalue le temps de déplacement des acteurs, Legrand modifie une mesure : la symbiose est parfaite. Avec l'aide de la sœur du musicien, Camille, ils enregistrent une première version sur cassette, destinée aux producteurs.
Même si la production du film est assurée, il leur faut trouver parallèlement un éditeur de musique qui assure la prise en charge de la bande musicale, ce qui représentait entre vingt-cinq et trente millions d'anciens francs.
Legrand embauche des musiciens et commence l'enregistrement sans certitude qu'il pourra les payer. C'est avec l'aide de Francis Lemarque, ami du compositeur, que celui-ci et Mag Bodard pourront coproduire la bande musicale.
Vous pouvez vous procurer les deux anthologies et la bande originale des Parapluies de Cherbourg => ICI
En 1958, Michel Legrand, déjà immense compositeur et arrangeur, enregistre avec les plus grands maîtres du jazz américain. Il en résulte le présent disque, aujourd'hui remasterisé, et toujours aussi exceptionnel. Michel Legrand associe son approche européenne et son amour du jazz aux talents de jazzmen tels que Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans, Paul Chambers et bien d'autres. A l'écoute de cet album, on sent que le style et la technique de chacun des musiciens ainsi que la structure des compositions ont été des éléments majeurs pour les arrangements. On sent aussi le but de Michel Legrand, cette volonté de renouveler des titres de jazz incontournables, "anciens" et reconnus. Un disque essentiel pour les tous les amateurs de jazz, qui est complété par six chansons bonus, des titres interprétés par Michel Legrand et son orchestre et tout aussi incontournables.
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